20 September 2016


"'Dès que je suis sorti du ventre de ma mère, je me suis retourné pour photographier son vagin?', affirme Araki. Que se passerait-il si l'on inversait le point de vue ? Si le creux du vagin devenait l'objectif? Dans le prolongement direct de ma performance au Musée d’Orsay sur l’Olympia de Manet, dont le regard frontal avait scandalisé, je réalise là un nouveau contre-pied en donnant une voix aux modèles de l’artiste. Et si le modèle sortait de son mutisme pour briser ce silence muséal et nous jouir en pleine face ? J’ai choisi de réinterpréter 'paysage avec couleur' de Nobuyoshi Araki, photo qui représente une femme tenant à sa bouche un morceau de pastèque faisant allusion à une fellation. Il y a une dimension viscérale dans la photo que j’ai choisie, comme si le modèle se délectait de son intestin, surprise dans sa chambre et heureuse d’être surprise dans sa monstruosité. Dans ma réinterprétation de l’œuvre la pastèque évoque le sexe féminin, mon sexe que je fais juter et que je dévore jusqu'à l’extase en filmant le spectateur. J’ai intitulé ma reproduction 'paysage avec go – pro' pour signifier l’importance du regard du modèle. Dans ma performance le dispositif est inversé, ici c’est le modèle qui surprend le voyeur et enregistre son visage et non l’inverse. 'Ni soumission, ni extase', lit-on dans le catalogue de l'exposition pour décrire le regard des modèles du photographe, comme si il y avait dans leur yeux une absence de regard sur le monde, sur nous. L’interprétation suggère que ce qui aurait scandalisé dans l’Olympia de Manet est la nudité alors que c’est son regard, celui qui nous met nous spectateur en position de servants. Pour Araki, l’acte de photographier est semblable à l’acte sexuel et de mon point de vue c’est le modèle qui baise le photographe"

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